La tech à la conquête des femmes
Il semble que les patrons de la tech se soient donné le mot pour être présents dans les tribunes organisées par les réseaux et media féminins de la semaine dernière.
Le 16 juin, Olivier Derrien, Directeur Général de Salesforce France, membre du Think tank Marie Claire « Agir pour l’égalité » montait sur la scène de l’UNESCO pour présenter les propositions du comité scientifique « Tech française : comment féminiser un secteur toujours trop masculin ». Il déclarait alors « Les deux valeurs de Salesforce sont confiance et égalité » « Le prix dont je suis le plus fier est d’être N°1 des entreprises où il faut bon travailler en France pour la deuxième année consécutive, prix décerné par l’institut GPTW. » faisant ainsi le lien entre mixité et bien-être des salariés. Le 17 juin, dans cette très belle interview de Paulina Jonquères d’Oriola pour Business O Féminin, Stéphane Huet, Senior Vice Président et General Manager Commercial de Dell France déclarait : « Dans notre secteur, un jour vous êtes leader, le lendemain vous vous faites doubler. Il faut donc sans cesse innover, et la disruption ne se produit que lorsque les personnes viennent de background différents. C’est pourquoi, chez Dell, nous œuvrons depuis longtemps pour recruter davantage de femmes et leur permettre d’avancer dans l’entreprise. » Et enfin, le 18 Juin, Jean-Marie Simon, CEO France d’Atos, était sur la scène de la salle Pleyel pour les Assises de la Parité organisées par le réseau IWF pour affirmer sa volonté de multiplier par deux le nombre de femmes dans le top 100 du management de son groupe.
Les besoins de recrutement sont clairement affichés et le vivier que représentent les femmes fait l’objet de stratégies d’approche et d’initiatives de plus en plus nombreuses et variées, voir Social Builder, Men advocacing, DWEN, Grils Who Code, Essteem…ou encore le tout dernier livre blanc « Femmes & Tech » publié par Welcome to the Jungle. Ainsi la crise des talents que connait ce secteur sera certainement source d’opportunités pour inventer les méthodes qui permettent d’accéder à une meilleure mixité, et les exporter dans les entreprises de tous les secteurs.
Dans ce domaine comme dans le domaine de la relation client si les stratégies de conquête sont séduisantes, les stratégies de fidélisation sont un complément indispensable et souvent plus rentable. En particulier pour fidéliser les talents féminins, le levier le plus efficace est de créer des « roles-modeles » ou mieux encore des « roles-makers » car comme le disait Maria Wright Edelman : « You can’t be what you can’t see ». Soutenir les carrières des femmes par du mentoring par des femmes et des hommes donne des résultats tangibles et viraux au sein des entreprises qui l’ont mis en place.
Véritable stratégie de transformation de l‘entreprise c’est également le moyen d’incarner un nouveau modèle de management plus inclusif et plus humain. Comme le déclarait François Rihani, Directeur Général de Natixis lors de l’appel pour l’égalité : « Nous avons mis en place un nouveau modèle de leadership centré sur développer les talents, inspirer ses équipes et collaborer. Nous nous sommes fixés des objectifs et nous sommes tenus à une grande discipline jusqu’à maîtriser les outils du Talent Management ». Comme le disait à cette même tribune Jacques de Perretti, PDG d’AXA France : « l’égalité est un objectif d’entreprise au-delà du choix éthique et moral, c’est un choix de performance ».
Cette équation n’est plus à démontrer. Depuis 2007, dans le cadre de son partenariat avec le Women’s Forum for the Economy & Society, McKinsey & Company publie « Women Matter : la mixité, levier de performance de l’entreprise ». A citer également le rapport 2019 de l’Observatoire SKEMA de la féminisation des entreprises, dirigé par Michel Ferrary, professeur de gestion des ressources humaines à l’Université de Genève qui démontre que les entreprises dont l’encadrement est le plus féminisé surperforment en Bourse. La récente étude KPMG/IWF sur l’avancement de la parité dans les entreprises françaises, présentée par Marie Guillemot, Associée et membre du Comex révèle que la mixité est un enjeu de croissance pour les sociétés non cotées qui représentent environ 70% des emplois et 65% de la valeur ajoutée.