Quand j’ai trouvé mon Why…
Comme tous ceux qui s’intéressent au Leadership ou à la stratégie d’entreprise comme moi, vous n’avez certainement pas manqué « The Golden Circle » de Simon Sinek, auteur en 2009 du bestseller « Start with Why : How Great Leaders Inspire Everyone to Take Action« . Sa conférence TED « How Great Leaders Inspire Action » compte encore parmi les 10 conférences TED les plus regardées, avec plus de dix millions de vues en 5 ans.
Son raisonnement est le suivant : la plupart des entrepreneurs qui veulent nous voir acheter leur produit nous parlent d’abord du produit lui-même, puis de ce en quoi il diffère des produits concurrents. Quand ils échouent, ils analysent la situation en combinant, dans des proportions variables, trois éléments : la faiblesse d’un marché peu porteur, le fait de n’avoir pas pu compter sur les bonnes personnes, et le manque de capitaux pour démarrer ou développer leur affaire. Or, si l’on examine attentivement la trajectoire et la communication de ceux qui ont durablement inspiré l’humanité, on constate qu’ils s’y prennent d’une toute autre manière : ils communiquent d’abord sur ce en quoi ils croient, puis sur la manière dont cette croyance se matérialise dans leurs produits, et enfin sur les produits eux-mêmes. Et ça fonctionne, y compris dans un contexte économique faiblement porteur, sans beaucoup d’argent, et avec les mêmes collaborateurs que n’importe qui d’autre. Bref, il convient de s’adresser aux émotions plus qu’à la raison, de mettre en avant ce en quoi l’on croit plutôt que ce que l’on fait, de telle sorte que les consommateurs soient fiers de figurer parmi les premiers consommateurs puis d’entraîner de nouveaux consommateurs. Et il répète comme un mantra la phrase suivante : « communiquez sur ce que vous croyez plutôt que sur ce que vous faites« .
Lorsque j’accompagne des dirigeants, nos premiers échanges portent systématiquement sur ces questions : Quel a été leur chemin de vie ? Quel sens donnent-ils à leur action ? Pourquoi certains actes ou comportements marquants se répètent ? Et à chaque fois cette même émotion lorsque le déclic se produit et que je croise dans leur regard cette joie mêlée de peur du sens retrouvé, de la vision éclaircie, et de l’envie de la partager et d’embarquer ses équipes ou son entourage.
Alors moi aussi je suis passée par là. Moi aussi je me suis questionnée sur mon parcours professionnel, sur cette passion qui m’anime depuis que je suis tombée toute petite dans le chaudron de la relation client. Pourquoi ai-je toujours eu autant de rage à vouloir redorer l‘image des centres de contacts, métier tellement décrié lorsque j’ai démarré ma carrière dans la grande maison Teleperformance en 1993. Pourquoi, cette attention aux autres et cette volonté de toujours mieux faire lorsque j’ai découvert le management ? Cet engagement qui était le mien à « pousser » mes équipes pour qu’elles grandissent. J’avoue aujourd’hui que mon ambition pour eux était parfois supérieure à la leur et que j’exerçais sur eux une pression certaine. Ma plus grande claque managériale a été lorsqu’une de mes collaboratrices excédée un soir très tard m’a confiée en larmes : « je ne peux plus, tu m’en demandes trop, je n’ai pas ton talent ! ». Je ressens encore intact le dépit et la honte de ne pas avoir été assez attentive et de ne pas avoir su ajuster mon accompagnement. Depuis, je n’ai de cesse de m’améliorer et je préviens les équipes : le management est l’école de l’humilité. N’ayez aucune certitude, soyez souple, ajustez-vous aux personnes et aux situations, et surtout reconnaissez vos erreurs ; ainsi elles n’auront pas peur de demander de l’aide.
Alors moi aussi je suis allée chercher au plus profond de mon histoire et j’y ai trouvé mon trésor ! J’ai compris que déjà toute petite je prenais soin des autres, je m’épanouissais en bande, j’avais soif de reconnaissance, j’avais un talent particulier pour recueillir les confidences et apaiser les situations conflictuelles, réparer les injustices. Mon parcours professionnel n’a pas été un long fleuve tranquille. J’ai dû me battre contre moi-même, contre ce sentiment d’imposture qui me faisait m’effacer devant ceux qui parlaient plus fort ou avaient l’assurance que je recherchais. Et puis un jour, en changeant d’entreprise, j’ai osé être moi-même. Je me suis libérée et j’ai commencé à me sentir bien. Me sentir réconciliée avec moi-même. J’ai pris la main de la petite fille qui était en moi pour lui dire qu’elle n’avait plus besoin de pleurer, j’ai perçu l’énergie qui m’anime, je me suis reconnectée avec mes émotions, j’ai accepté qui j’étais. J’étais arrivée au bout du voyage.
Ma croyance est que chacun peut faire ce voyage s’il est bien accompagné, il n’est pas réservé à une élite. Et si chacun s’attache à améliorer sa relation à lui, alors sa relation aux autres s’améliore et le monde s’en porte mieux. Ce qui m’anime aujourd’hui c’est de partager cette expérience, mon expérience de femme leader avec les leaders d’aujourd’hui, transmettre les quelques clés que j’ai pu trouver sur mon chemin et créer un environnement favorable à l’apprentissage mutuel d’une relation authentique, bienveillante et équilibrée au sein des entreprises.